OpenBSD
L’obsolescence programmée n’est plus un mythe. Même si les micro-processeurs ne cessent de gagner en vitesse et en nombre de coeurs, la complexité des logiciels croît inexorablement de sorte que nos appareils semblent toujours aussi lents. Heureusement il existe des voies de sorties.
Exaspéré par la lenteur de Windows sur mon portable Thinkpad T420 de 8 ans, j’ai décidé de monter le système le plus rapide possible me permettant d’exécuter les tâches suivantes :
- Naviguer sur internet, échanger des courriels, maintenir un blog
- Éditer des documents (excel, word, pdf)
- Écouter de la musique, des vidéos et des ballados
- Gérer une collection de photos
Ayant déjà expérimenté NetBSD et FreeBSD par le passé, j’ai choisi d’essayer OpenBSD.
Mon impression après un mois
À ma grande surprise l’ensemble des périphériques sont supportés sans gossage (carte wifi, trackpad, carte graphique), ce qui n’est pas toujours le cas avec les autres BSD. Ceci s’explique car chaque BSD a une mission spécifique. NetBSD vise une portabilité maximale et roule sur un maximum de plateformes même les plus exotiques (j’ai déjà roulé un serveur Apache sur ma console de jeu Sega Dreamcast roulant NetBSD). FreeBSD est optimisé pour les gros serveurs (Cisco, NetFlix, Whatsapp, FreeNAS, etc). Enfin, OpenBSD est axé vers les ordinateurs personnels et semblait donc être mieux adapté à mes besoins.
L’installation se fait avec une clé USB en 5 minutes une fois quelques questions répondues à l’écran. J’ai utilisé le partitionneur automatique et alloué tout mon disque dur à OpenBSD.
La configuration se fait entièrement via des fichiers texte que l’on édite via la ligne de commande. Il n’y a pas d’interface graphique pour configurer le wifi, ajouter un utilisateur ou accéder à un disque réseau. Cela peut être rébarbatif pour plusieurs mais j’adore la simplicité que cela apporte.
Simplicité n’est pas synonyme de facilité.
L’installation de logiciels se fait via la commande pkg_info
pour chercher un logiciel, puis pkg_add
pour l’installer. Le système se charge ensuite de télécharger, installer, et configurer le logiciel. S’il n’est pas déjà disponible en format binaire pour OpenBSD, il vous faudra soit le compiler vous-même ou soit utiliser un autre logiciel équivalent.
RTFM. Faîtes confiance à la documentation qui est excellente. Vous trouverez peu de réponses sur google, ce qui peut être déroutant au départ. Il y a une tonne d’information dans les man pages ou les FAQ. Vous pouvez aussi poser vos questions directement à d’autres utilisateurs sur IRC dans le canal #OpenBSD sur irc.freenode.net.
OpenBSD n’est probablement pas pour vous
- Si vous n’avez pas d’expérience avec UNIX
- Si vous voulez une interface graphique avec des beaux boutons
- S’il vous faut toujours la plus récente version de vos logiciels
Mais si vous aimez comprendre ce qui se passe « sous le capot » et appréciez les outils simples qui font le minimum nécessaire, OpenBSD est pour vous.
Pourquoi OpenBSD et pas Linux ?
OpenBSD n’est pas Linux. Les distributions Linux qui tentent d’imiter les interfaces évoluées de Windows ou Apple ont gagné énormément de complexité avec les années, ce qui rend leur mise à jour et leur configuration problématique. Chaque mise à jour de Linux semble ajouter du code sans pour autant en améliorer la fonctionnalité.
À l’opposé, les programmeurs de OpenBSD révisent sans cesse le code et enlèvent ce qui est superflu pour maintenir un code épuré et minimal. OpenBSD est une saveur de BSD qui place la sécurité et la stabilité avant tout. Vous n’aurez pas les dernières révisions de vos logiciels, mais vous pouvez être certains que ça va fonctionner rondement.
Voici deux exemples de rationalisation à l’extrême du code:
- xenodm a été écrit pour remplacer le traditionnel gestionnaire de session xdm de Xorg car on le jugeait pas assez sécuritaire
- Au démarrage de l’OS, Linux utilise le complexe systemd alors qu’un simple script (
/etc/rc
) est exécuté par OpenBSD
Mon environnement minimaliste
Voici les logiciels « légers » que j’utilise pour maintenir mon ordinateur rapide et agréable à utiliser. Ils sont tous disponibles via pkg_add
.
- Window manager : jwm
- Navigateur internet : qutebrowser
- Environnement office : libreoffice
- Lecteurs média : audacious (musique), mpv (vidéos)
- Visualiseur de photos : gthumb, sxiv
- Chat IRC : irssi (ligne de commande) ou hexchat (X)
- Éditeur texte : vim
- Éditeur d’images : gimp (photos), inkscape (vectoriel)
- Captures d’écran : maim
Quelques astuces après installation
Clavier français canadien
Pour activer le clavier Canadien multilingue (français) dans X il faut ajouter cette ligne à ~/.xsession
:
setxkbmap ca multix &
Pour afficher les caractères avec accents dans le terminal, ajouter à ~/.profile
et ~/.xsession
:
export LC_CTYPE=en_US.UTF-8
Connection sans-fil
Pour configurer le wifi, il faut mettre à jour les firmware au moyen de la commande fw_update
. Trouver ensuite le nom de votre carte wifi avec ifconfig
puis modifier /etc/hostname.if
(dans mon cas /etc/hostname.iwn0
) :
nwid nomdupointdacces wpakey motdepassewpa2 up
dhcp
Pour retrouver votre point d’accès sans-fil, vous pouvez taper :
# ifconfig iwn0 scan
Audio
Pour que votre utilisateur puisse jouer des CD audio ou contrôler le son, il doit être dans le groupe operator. Pour l’utilisateur phil :
# usermod -G operator phil
Liens utiles et guides pratiques
- https://www.openbsd.org/
- Wiki très complet en français !
- Site d’un gars qui fait tout sur OpenBSD
- Un autre petit guide pas à pas
- Un autre encore
- Un blog français avec plusieurs astuces
Par Philippe St-Jacques