Urbanisme circulaire

Une entrevue fascinante avec Sylvain Grisot. L’urbanisme circulaire consiste à construire la ville sur la ville. Tiré de l’épisode 25 de Cadre bâti.

Cycles de vie de la ville, le premier cycle étant l’agriculture précédant l’urbanisation. L’agriculture urbaine serait une boucle ramenant la ville à sa première étape. La dernière étape serait le recyclage des immeubles en nouveaux immeubles ou leur destruction pour rebâtir du neuf.

On parle longuement des friches en milieu urbain et périurbain. De leur signification et du fait que le système (les politiques, les entrepreneurs et les spéculateurs fonciers) se dépêche à la recycler, à remplir le vide avec du neuf ou des infrastructures, plutôt que de laisser le vide exister pour la population. En effet quand on laisse le vide être aménagé par le collectif il devient problématique de la développer ensuite. Soit la nature s’y installe avec des espèces sauvages à protéger (pensons boisé Steinberg dans l’Est de Montréal ou le champ des monarques à Dorval-Trudeau), soit la population locale l’investit et il faut la déloger pour bâtir (pensons au jardin collectif sur le terrain vague de la rue Bellechasse).

L’étalement urbain est un fait accompli. Le tiers ou le quart de la population habite en banlieue. On ne retournera pas en arrière et si nous déminéralisons la nouvelle nature créée est une nature domestiquée, artificielle. Mais c’est une nature tout de même qui rend des services écosystémiques.

Comment stopper l’étalement urbain alors que les nouveaux projets sont plus sexy pour les architectes et urbanistes que les projets de recyclage ? Il y a un changement majeur de culture à opérer.

On a tellement optimisé chaque étape du processus urbanistique que nous construisons du pareil partout, des condos et des centres commerciaux en boîte sans souci de l’intégration au tissu urbain existant. En résumé on fait du copié-coller des designs en série. Nous avons oublié collectivement comment construire du “à la pièce”, des projets uniques qui répondent aux besoins locaux. L’auteur pose la question clé: Comment revenir en arrière, comment changer les méthodes de construction et d’ingénierie pour que chaque projet redevienne le meilleur projet pour la localité où il s’insère, tout en répondant aux impératifs d’efficacité et d’efficience dans un contexte de crise climatique et économique ?

J’ai bien aimé le terme de « erreur urbaine ».

L’auteur a rencontré le dernier résident des bidonvilles de Marseille. Les autorités ont remplacé les cabanes par des logements en durs empilés. Les nouveaux quartiers sont désormais sans âme, mais demeurent des bidonvilles 2.0. Il faut laisser des espace vides dans la ville, car la vie humaine demande des temps de pause, de non-production.

Quand on régule tout, bâtit tout, on perd le collectif. Pourtant la ville existe par elle-même sans l’intervention des décideurs. Il faut laisser des espaces en friche, du vide pour les communs. La gentrification tue le collectif et les communs. Il faut aider les communs.

C’est un peu ce qu’on fait avec le Jardin Youville et la Station Youville. On créé du commun. Et ça coûte presque rien, mais beaucoup de jus de bras et de cerveaux.

Liens

balado: https://cadrebati.org/Episode-25-L-urbanisme-circulaire-pour-arreter-de-tourner-en-rond

livre: Manifeste pour un urbanisme circulaire : pour des alternatives concrètes à l’étalement de la ville (Éditions Apogée, 2021).

blog de Sylvain Grisot sur les grands enjeux de la ville et de ses transitions: https://dixit.net/tag/newsletters/