Atlas de l’anthropocène de Gemenne et Rancovic

Un atlas pas comme les autres qui se concentre à nous montrer avec plus de 100 tableaux comment l’humanité a transformé durablement tous les aspects de la surface de la Terre de façon irréversible et à un rythme inédit dans les archives géologiques.

La stratigraphie est la science qui étudie les couches dans les roches. Pour décréter si on est entré dans une nouvelle période géologique il faut que des sédiments caractéristiques soient observés sur tous les continents. C’est le cas avec les traces radioactives laissées par les essais d’armes atomiques des années 1950. L’anthropocène aurait donc officiellement commencé dans ces années, bien que le livre démontre que l’humain a débuté la sixième grande extinction de masse il y a plus de 10 000 ans alors qu’il décima la mégafaune.

L’humanité a profité de conditions idéales pour son expansion depuis la dernière glaciation. L’Holocène était doux et a permis à l’homme de coloniser tous les continents et développer la civilisation. Avec un hausse de plus de 2 degrés nous quittons cette zone de confort.

Depuis la révolutions industrielle circa 1800 les indicateurs on commencé à grimper remarquablement. On commence alors la période de Grande Accélération. Tous les indicateurs de perturbation du système biologique sont au rouge: perte d’ozone stratosphérique, effondrement des inventaires halieutiques, perte de forêt tropicale, dégradation de la biosphère terrestre, étendue des terres agricoles, anomalies de température de surface, cycle du méthane, cycle du carbone, acidification des océans, cycle de l’azote.

Facteurs anthropiques en hausse: Télécommunications, usage d’engrais de synthèse, tourisme international, grands barrages, PIB réel, population urbaine, utilisation d’énergie primaire, utilisation de l’eau, population.

La population urbaine consomme plus et génère plus de déchets que la population rurale alors que l’humanité continue à s’urbaniser massivement.

Les États multiplient les promesses de réduction des émissions de CO2 mais les rejets ne cessent d’augmenter sauf exception de 2020 qui vit une réduction de 7%. La concentration de CO2 n’a jamais dépassé 300 ppm depuis 1 M années et durant tout l’Holocène elle s’est tenue autour de 280 ppm. Le 7 février 2024 au moment d’écrire ces lignes nous sommes à 422 ppm.

https://gml.noaa.gov/ccgg/trends/ - measurements from Mauna Loa Observatory (Hawaii)

Sixième extinction massive

L’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) estime qu’entre 500,000 et 1 million d’espèces sont menacées d’extinction, soit la disparition de la totalité de leurs individus. Des clades entiers disparaissent avec tout leur bagage génétique. De 1970 à 2014, la taille des populations de vertébrés aurait diminué de 60%.

La biomasse d’insectes se réduirait de 2,5% par an selon les données disponibles.

Les humains représentent aujourd’hui 36% de la biomasse de mammifères, leurs animaux domestiques 60% et les autres espèces seulement 4%.

Alimentation

L’augmentation de la concentration de CO2 vient modifier directement la physiologie des plantes et affecter la valeur nutritive des récoltes (moins de micro et macronutriments; l’effondrement des populations de pollinisateurs et la dégradation des sols réduit déjà les rendements; l’érosion de la biodiversité extra et intraspécifique réduit la capacité d’adaptation des cultures et écosystèmes.

Surpopulation

Nous allons probablement atteindre 11 milliards d’humain avant que ça puisse redescendre. De plus nous allons nous urbaniser encore plus et donc générer encore plus de déchets.

Espoir

Le livre laisse peu d’espoir, sauf celui que l’humain a la capacité de réduire les impacts de cette crise car il en est la cause .. antropique. Sinon ce n’est pas un livre à mettre entre les mains d’un écoanxieux.

ISBN: 978-2-7246-2785-5 Publié: 2021




Par Philippe St-Jacques