Je demande pardon à l’espèce qui brille de Martine Audet
les grands cimetières II
C’est le premier recueil de Martine Audet que je lis. Je suis un peu dérouté par le style que je trouve décousu mais je finis par m’encrer à un fil ténu. On approche la fin annoncée comme si nous y étions en observateur passif contemplatif.
C’est un texte immensément d’actualité. Je relirai Audet.
La pluie comme des mains installe son désordre
Je place autour de moi des barricades d’absence
Une explosion au coeur ne laisse aucune image
Le désir du pire rencontre un vif succès
Je me réveille souvent au milieu des ébauches
La moindre expiration voit la mer prendre feu
Je bois en tes paumes les liquides d’agonie
Le fruit offre la chair aux orgues difficiles
Je déroule l’impossible telle une langue
Quelques lignes s’élancent tant bien que mal
Je m’assure que la menace gagne la première course
La volonté de détruire survit aux déguisements
Il n’y a plus au ciel que des crochets pour les naufrages
Je coupe le son qui affole les insectes
La lumière fouille au corps des floraisons
Je vis à présent dans la chambre des cendres
Être souvent s’ajoute aux pierres
Je suis si près de l’amour
Où regarder encore ?
Par Philippe St-Jacques