La patience du lichen de Noémie Pomerleau-Cloutier

Un voyage sur la Basse Côte-Nord, au pays des Coasters entre Kegaska et Blanc-Sablon. Des récits de gens normaux qui vivent une vie extraordinaire, coupés de la route 138, de l’asphalte qui les relierait à la civilisation. De courages en désespoirs, de résilience et d’échecs, les Coasters témoignent de leur attachement inaliénable à leur bout de roche jeté dans le golfe du Saint-Laurent. Innus, Anglais et Français, ils vivent en paix, dans un autre pays dans notre pays.

entre les peuples
les gouvernements
sont des barrages
encore plus imposants
que ceux d’hydro

Le bout du monde revient dans ce livre comme un sujet obsédant qui m’habite toujours. Bien que j’habite la ville, je cultive dans mon intérieur les souvenirs de mes voyages dans le Nord.

Les limites du monde sont des lieux de proximité.

Me viennent à l’esprit les mélèzes spiralés de la taïga à Wemindji, la falaise marsienne du mont Torngat, les battues dans les secteurs de Val-Cartier un matin de novembre.

nous ne choisissons pas ce qui nous habite
le retour et l’exil sont du même bois
l’eau vive nous dessine

Sur le sens de l’art:

des perles
et des peaux
une floraison de couleurs

dans le fil
le brodeur trouve
une façon d’être

Sur les femmes dans un milieu dur:

elle ne peut pas encore
haler les cages
à la force de ses bras
mais elle sait
la richesse du corail

comme le homard
elle a toute sa vie
pour muer

Aurores boréales:

les aurores boréales ne tuent pas
en arrivant en ville
on meurt
par morceaux
de ne plus les voir

Avalanches:

la neige a mis les maisons en cage
il ne reste que des falaises de vide