Bleuets et abricots de Natasha Kanapé Fontaine

Récemment j’ai lu Manifeste Assi de la même autrice. Le texte se veut encore un manifeste pour l’émancipation des autochtones et la protection de l’environnement mais son verbe et son style ont pris de la maturité. J’ai beaucoup plus apprécié ce dernier recueil que le premier. La nordicité y a une place de choix. On imagine des horizons fictifs annonçant la résurgence des premières nations, de chevauchées de cerfs et de Louis Riel. On recule les horloges de 500 ans pour faire un nouveau pacte fondateur, pour repartager le paradis perdu.

C’est une prose fluide comme le fleuve, parfois répétitive mais qui trahit la parole de la nouvelle génération qui ne se taira plus.

Nos fils et nos filles sortiront des réserves
les aïeux sur le dos
les ancêtres à l’oreille
ils marcheront vers le Sud
retracer le Nord

On parle d’oser arborer, comme des bois sur le crâne, renaître comme des arbres en fleurs.

Elles disposeront de leur vigueur d’antan
les arbres refleuriront

Quelques perles jonchent le texte. Pour décrire un coucher de soleil:

Le ciel s’agenouillera
strié de cicatrices blanchâtres
s’enfoncera au coeur de la planète
jouir de la vivacité
du cosmos

Les enfants disparus sont mentionnés, bien avant les macabres découvertes de 2021 dans les pensionnats canadiens. Nous savions mais fermions les yeux (p. 63).




Par Philippe St-Jacques