Uiesh Quelque part de Joséphine Bacon
Je découvre Joséphine Bacon, auteure innue avec ce recueil de poèmes courts et frappants. Elle parle de la sagesse des anciens qui s’éteignent un à un et prend le bâton à messages pour porter leur parole. Elle parle de nomadisme, de chemins de portage, de faire partie du territoire, de l’extractivisme colonial. Pensons écocentrisme comme Aldo Leopold.
L’homme blanc parle de l’infini et des anges. L’innu parle de la toundra et des aurores boréales.
La neige, la toundra, le pays de chasse reviennent souvent, comme une pensée obsessive qui ne quitte jamais l’innu habitant au carré Molson à Montréal.
Les non-lieux reviennent dans ce livre comme un rêve envahissant. J’ai vécu plusieurs moments de bout du monde quand j’étais militaire, comme à Wemindji ou à la rivière Koroc aux monts Torngat. Enfant je me suis perdu lors d’une d’une activité carte et boussole. J’avais pleuré jusqu’à ce qu’on me retrouve. Je suis marqué à vie par les bouts du mode.
Quiconque a fait un road trip sur la Côte-Nord sera tenaillé par l’image du soleil rouge embrasant l’horizon.
Je suis nostalgique de l’arrivée des premiers flocons dans l’open, du frimas sur les herbes hautes devenues autant d’éclats de miroirs. Le soleil du matin éblouissant. Décuplé et décomposé en éventail spectral à travers ces prismes par millions.
Définitivement à lire durant les chaleurs d’été pour sentir la froideur du vent qui souffle, quelque part dans le territoire.
Uiesh nutshimit.
Par Philippe St-Jacques