Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier

129 hommes s’embarquent pour une expédition improbable et téméraire; découvrir et cartographier le passage du Nord-ouest à bord de voiliers. Après 3 ans coincés dans les glaces, les vivres de l’expédition Franklin s’épuisent et viennent mathématiquement à manquer. Le récit n’entretient pas de suspense sur l’avenir de l’équipage puisque le dénouement tragique de l’expédition fait partie de l’Histoire. On fait à peine mention en une ligne au cannibalisme auquel se sont livrés les survivants. Pendant que les marins périssent en silence et se terrent dans leurs bateaux renversés devenus tombeaux, les amiraux et la haute classe organisent de fastes banquets à la gloire de la marine royale.

Le vocabulaire employé pour décrire le paysage arctique est à couper le souffle. Quiconque a déjà séjourné dehors dans le Grand-Nord en hiver, senti le véritable froid geler jusqu’au coeur des poumons ou observé la voie lactée traversant le ciel étoilé lira ce livre jusqu’à la dernière page.

L’homme occidental et sa technique, un équipage britannique du XIXe siècle de surcroît, se croit au-dessus de la nature. Il refuse de se juger égal aux inuits qui bien qu’ayant des moyens précaires savent se nourrir et se vêtir dans cet environnement. Les pauvres matelots eux se contentent de biscuits rancis et de conserves périmées.

Ce livre est une ode à l’éternité et l’infini, à l’insignifiance de deux navires coincés sur la banquise, métaphore de celle de nos propres biographies.

Les Voiles ou Le triomphe de la constance

De la Terre et de l’Air, de la Mer et du Feu
Je chante, et des diverses merveilles d’iceux.
Si ma lyre se tourne vers des thèmes laborieux

Des guerres farouches et d’amours loyales
mon chant tirera sa morale.




Par Philippe St-Jacques