14 mai 2020 - le jardin de mon père

J’ai rendu visite à mon père après deux mois de confinement. Tout en gardant deux mètre de distance et en portant un masque, je suis venu cueillir quelques vivaces pour les transplanter chez nous. Un bon prétexte pour voir mon paternel en chair et en os.

En entrant dans le jardin j’eus instantanément l’impression de me retrouver dans un lieu transformé. Bien que je connaissais intimement cet endroit où j’ai déjà vécu, cela faisait un bon cinq ans que je n’y avais pas réellement posé le regard.

Hêtre ou ne pas être

Le jardin ayant été délaissé ces dernières années, la nature a repris ses droits. L’hêtre pleureur que mon père avait planté il y a 15 ans a crû démesurément jusqu’à occuper un tiers de la cours, étouffant de son ombre toute une section jadis peuplée de roseaux, de pivoines et d’échinacées. Protégé à ses côtés l’érable japonais a bien profité. Des fougères arbustives tolérantes à l’ombre ont colonisé ce nouveau sous-bois et occupent maintenant plus de la moitié de la cours. Leurs nombreuses souches écailleuses desquelles pointent des frondes naissantes donnent au paysage une allure jurassique.

La plaine fleurie auparavant variée et grouillante a cédé sa place à un sous-bois inspirant la sérénité et la contemplation.

Le jardin a changé au fil des ans au point d’être méconnaissable sans pour autant m’être devenu étranger. Il a simplement changé de vêtements comme s’il entrait une nouvelle saison de sa vie.

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Par Philippe St-Jacques