La prime à la propriété

Un article dans Le Devoir du 12 juin 2021 m’a fait réaliser à quel point la flambée des prix sur le marché immobilier enrichit les uns pour appauvrir les autres. Je vous laisse deviner des deux, lesquels sont les propriétaires et les locataires.

«Sur papier, la richesse moyenne des Canadiens a augmenté de 19% en un an. La valeur nette nationale par habitant atteignait 392 496 $ à la fin du premier trimestre de 2021, en hausse de 19% sur un an. Mais il fallait être propriétaire d’une maison pour afficher une telle performance. Cette valeur nette a augmenté d’environ 73 000 $ par ménage propriétaire moyen, mais d’environ 8 000 $ par ménage locataire moyen selon Statistique Canada. À la fin de mars 2021, 40 % de cette valeur nette nationale des ménages était concentrée dans l’immobilier résidentiel.»

Encouragés par des émissions de télé-réalité du type «vendre ou rénover», «mon garage de rêve» ou «Décore ta vie», les gens payent des prix de fous pour acheter une maison-coquille, tout arracher et repartir à neuf. On fait ainsi rouler l’économie et on s’endette pour «investir» dans sa maison qui se revendra plus chère. La plupart des gens continuent de voir leur maison comme leur bas de laine. Les grosses rénovations sont très valorisées entre amis ou collègues et on se félicite autour de la machine à café, ou sur Zoom, d’avoir tout arraché! Sur ma rue, plusieurs maisons qui se sont vendues récemment ont été retapées à gros prix, puis revendues 30 à 50 % plus cher. Se loger est un besoin essentiel

Je pourrais me réjouir que notre duplex prenne de la valeur année après année comme un bon vin, sans que je n’aie à planter un seul clou. Cependant, je suis contre la présente hausse exagérée du prix des maisons par principe. Je suis contre la marchandisation abusive des maisons car se loger est un besoin essentiel, comme boire de l’eau ou se faire soigner. Il y a pleins de raisons qui expliquent que les gens ne sont pas propriétaires. Je serais d’accord avec des mesures qui limitent la hausse du prix des propriétés à un taux «raisonnable» et je dirais aux spéculateurs immobiliers d’aller spéculer dans d’autres marchés moins essentiels. Je connais plusieurs jeunes familles ou collègues dans la fin-vingtaine qui ne peuvent pas acheter à Montréal, même s’ils y ont grandit. Les quartiers centraux se vident de leur population historique à cause de la hausse du prix qui dépasse de loin celle du coût de la vie.

Et vous, êtes-vous heureux que votre immeuble prenne beaucoup de valeur?




Par Philippe St-Jacques