bombe à fragmentation mentale
mind blown
Ce sont les premiers mots qui me vinrent à l’esprit après avoir raccroché cet appel zoom de trop dans la succession de ma journée virtuelle.
Quand la poussière retombe je comprends ce qui vient de m’arriver. Je suis mind blown car on m’a jeté une bombe à fragmentation mentale. Les mots des médecins résonnent encore dans mon crâne comme dans un transport blindé perforé par une charge formée.
Alignés à l’écran les docteurs me surprennent encore après deux ans. À la déjà longue liste de diagnostiques de mon fils on inscrit les lettres TSA.
Chaque nouveau diagnostique est un tir de barrage qui me retranche dans des positions jusqu’alors inconnues.
Avant, j’avais le temps de me replacer dans la voiture en revenant de l’hôpital. De dire à mon fils mais surtout à moi-même que j’allais m’occuper de lui, que tout allait bien aller.
Cette vie virtuelle ne laisse aucun répit. Encore sonné je clique. Je passe d’un écran à l’autre et les meetings du bureau s’enchaînent comme si de rien n’était.
La violence de la nouvelle normalité.
Par Philippe St-Jacques